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DE LADY AUDLEY

neur de mon oncle plus sincèrement que je ne le fais, répondit Robert. Je n’ai nul motif indigne pour vous faire les questions que je vous adresse, et vous devez y répondre !

— Vous devez !… répéta comme un écho M. Dawson d’un air outré.

— Oui, vous êtes l’ami de mon oncle. C’est dans votre maison qu’il a rencontré la femme qui est maintenant son épouse. Elle se disait orpheline, je crois, et fit jouer en sa faveur sa pitié aussi bien que son admiration. Elle lui disait qu’elle était seule dans le monde, ne le lui disait-elle pas ?… sans amis et sans parents. C’est tout ce que j’ai pu jamais apprendre de ses antécédents.

— Quelle raison avez-vous de désirer en connaître davantage ? demanda le chirurgien.

— Une bien terrible raison, répondit Robert Audley. Depuis quelques mois je lutte avec des doutes et des soupçons qui ont rendu ma vie amère. Ces sentiments sont devenus plus forts chaque jour, et ne consentiront pas à s’apaiser au moyen des lieux communs, des sophismes et des arguments frivoles avec lesquels les hommes essayent de se tromper, plutôt que de croire ce que de toutes les choses qui sont sur terre ils doivent le plus craindre. Je ne pense pas que la femme qui porte le nom de mon oncle soit digne d’être son épouse. Je puis me tromper sur son compte. Dieu veuille qu’il en soit ainsi. Mais si je suis dans l’erreur, jamais fatale chaîne de circonstances évidentes ne fut aussi étroitement liée à une personne innocente. Je désire faire cesser mes doutes ou… ou confirmer mes craintes. Il n’y a qu’une manière d’agir pour arriver à ce but. Je dois suivre les traces de la vie de la femme de mon oncle et redescendre en arrière, minutieusement et avec attention, à partir de cette soirée jusqu’à la période des six dernières années. C’est aujourd’hui