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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/229

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DE LADY AUDLEY

des taches de rousseur et des cils blancs m’adorait, je la regarderais comme ennuyeuse ; mais si Clara Talboys avait la fantaisie de fouler aux pieds ma grossière personne, je regarderais cela comme une faveur de sa part. J’espère que la pauvre petite Alicia rencontrera quelque Saxon à la belle chevelure dans le cours de son voyage ! J’espère… »

Ses pensées s’égarèrent et se perdirent. Comment espérer quelque chose pendant que le souvenir de son ami le hantait comme un spectre. Il se souvenait d’une histoire qu’on lui avait contée dans une longue soirée d’hiver, et cette histoire était celle d’un homme que hantait l’esprit d’un parent enterré quelque part, loin du cimetière où il aurait voulu reposer. Si cette histoire allait devenir vraie pour lui, si l’esprit de George Talboys allait le hanter ?

Il écarta ses cheveux avec ses deux mains, et regarda tout autour de sa chambre. Il se dessinait des ombres dans un coin, et ces ombres lui déplurent. La porte de son cabinet était entr’ouverte ; il se leva et la ferma à clef avec beaucoup de bruit.

« Je n’ai pas lu Alexandre Dumas et Wilkie Collins pour rien, murmura-t-il ; je connais toutes les ruses des esprits. Ils vous épient par derrière, viennent danser devant les vitres, et ouvrent leurs grands yeux quand il commence à faire noir. C’est une étrange chose qu’un ami bon et généreux, qui n’aurait jamais fait une action mesquine de sa vie, soit capable de n’importe quelle petitesse du moment qu’il devient un esprit. Demain je ferai éclairer au gaz l’escalier, et coucher le fils aîné de mistress Maloney dans le vestibule. Il joue agréablement les airs populaires sur un morceau de papier entrelacé avec une petite dent de peigne, et sa compagnie me sera très-agréable. »

M. Audley se promena de long en large pour tuer le temps. Il était inutile de partir de chez lui avant dix