Cette réflexion amena Robert à la porte de la maison où Helen Talboys avait vécu avant son second mariage. Cette porte était entr’ouverte, et une lumière allumée dans le petit laboratoire. Robert entra, et aperçut le chirurgien qui préparait une drogue à son comptoir d’acajou. Son chapeau était auprès de lui, et il était sans doute rentré depuis peu, bien qu’il fût très-tard. Le ronflement sonore de son aide, qui couchait dans un cabinet à côté, arrivait jusqu’au laboratoire.
« Je vous demande pardon de vous déranger, M. Dawson, dit Robert, quand le chirurgien leva la tête et le reconnut ; mais je suis venu voir Marks, et comme je ne sais pas le chemin de son cottage, j’ai besoin que vous me l’indiquiez.
— Je vais vous le montrer, monsieur Audley, répondit le médecin. Je me rends moi-même au cottage dans quelques minutes.
— Marks va donc bien mal ?
— Tout à fait mal, et le seul changement à attendre, c’est celui qui calmera pour toujours ses souffrances.
— Voilà qui est étrange, s’écria Robert. Il m’avait semblé que ses brûlures n’avaient rien de dangereux.
— Et vous ne vous étiez pas trompé. Si ses brûlures eussent été sérieuses, je n’aurais pas recommandé de l’éloigner de Mount Stanning. C’est la secousse qu’il a ressentie qui l’a mis dans cet état. Sa santé était minée depuis longtemps par ses habitudes déréglées, et la frayeur a fait le reste. Il a eu le délire pendant deux jours. Ce soir, il est plus calme ; mais, avant demain soir, il aura cessé de vivre.
— Il a demandé à me voir, m’a-t-on dit ? dit M. Robert Audley.
— Oui ; c’est une fantaisie de malade, répondit le chirurgien d’un ton d’indifférence. Vous l’avez arraché aux flammes, et, quoiqu’il ait l’écorce un peu rude, il