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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/236

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LE SECRET

songe beaucoup au service que vous lui avez rendu. »

Ils étaient sortis du laboratoire, et le chirurgien avait fermé la porte à clef. Très-probablement c’était pour mettre à l’abri l’argent du comptoir que M. Dawson prenait tant de précautions ; car le plus hardi voleur n’aurait pas eu l’idée d’aller exposer sa vie pour des pilules, de la coloquinte, des sels et du séné.

Le chirurgien guida Robert le long d’une rue silencieuse et s’engagea tout à coup dans un sentier au bout duquel le jeune avocat aperçut une lumière pâle. Cette lumière devait éclairer une chambre mortuaire, tant ses reflets étaient faibles et d’un aspect étrange à cette heure avancée de la nuit ; c’était celle du cottage où Luke Marks souffrait sous la garde de sa mère et de sa femme.

M. Dawson souleva le loquet et entra dans la première pièce du cottage, suivi de Robert Audley. Cette pièce était vide et éclairée par une chandelle, dont le suif dégouttait sur la table ; Luke Marks était dans la chambre au-dessus.

« Dois-je lui dire que vous êtes ici ? demanda M. Dawson.

— Oui, oui, s’il vous plaît, prenez des précautions pour le lui dire. Si vous pensez que cette nouvelle puisse l’agiter, j’attendrai ; je ne suis pas pressé. Vous m’appellerez quand je pourrai monter. »

Le chirurgien inclina la tête en signe d’assentiment et gravit l’escalier qui menait à l’étage supérieur. C’était un bon homme que ce M. Dawson, et il fallait qu’il le fût pour être le médecin des pauvres de la paroisse et les soigner gratis avec douceur, sans jamais leur faire subir aucune de ces cruautés mesquines très-difficiles à prouver devant le conseil de santé pour les pauvres, mais pénibles tout de même pour ceux qui souffrent.

Robert Audley s’assit sur une chaise devant le foyer