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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/239

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DE LADY AUDLEY

peine assez grand pour les contenir tous deux, sans qu’ils se poussassent près du mur nouvellement blanchi, ou risquassent de tomber dans l’escalier.

« Oh ! monsieur, s’écria Phœbé avec empressement, j’ai de tristes choses à vous conter. Vous souvient-il de ce que je vous ai dit en vous trouvant sain et sauf la nuit de l’incendie ?

— Oui, je m’en souviens.

— Je vous avouai mes soupçons, mais je n’en ai jamais parlé à personne, monsieur, et je crois que Luke a oublié tous les incidents de cette nuit ; il était déjà ivre quand mila… quand elle vint à l’auberge, et je suppose que la peur a chassé tout souvenir de sa mémoire. En tout cas, il ne soupçonne rien, car il aurait parlé ; mais il est fort en colère contre milady, et dit que si elle lui avait procuré une place à Brentwood ou à Chelmsford tout cela ne serait pas arrivé, et je voudrais que vous ne dissiez rien devant lui.

— Oui… oui… je comprends… j’y veillerai…

— J’ai appris que milady avait quitté le château d’Audley.

— Oui.

— Pour ne jamais y revenir ?

— Jamais.

— Mais elle ne sera pas maltraitée, n’est-ce pas ?

— Non.

— J’en suis bien aise, monsieur. Pardon pour toutes ces questions ; milady était très-bonne pour moi. »

La voix de Luke se fit entendre à l’intérieur, et Phœbé ramena M. Audley dans la chambre.

« Je n’ai pas besoin de toi… dit d’un ton décisif Marks à sa femme quand elle rentra dans la chambre, je n’ai pas besoin de toi ; je ne veux voir que M. Audley. Descends et emmène ma mère. Non, ma mère peut rester ; sa présence me sera nécessaire tout à l’heure. »

La main affaiblie du malade montra la porte à