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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/238

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LE SECRET

La jeune femme se leva dès que Robert parut sur le seuil et courut au-devant de lui.

« Laissez-moi vous parler un moment, monsieur, avant d’écouter Luke, lui dit-elle rapidement et à voix basse. Je vous en supplie, laissez-moi vous parler avant lui.

— Qu’a-t-elle à dire ici ? » demanda le malade d’une voix faible et courroucée.

Les ombres de la mort s’appesantissaient sur ses yeux, mais il y voyait encore assez bien pour remarquer les mouvements de Phœbé.

« Qu’a-t-elle à dire ici ? répéta-t-il. Je ne veux pas de complots ni de préparations. Ce que j’ai à révéler à M. Audley, je le révélerai moi-même, et, si j’ai fait du mal, je veux essayer de le défaire. Qu’a-t-elle à dire ?

— Elle ne dit rien, Luke, mon cher, répondit la mère, s’approchant du lit de son fils qui, bien que rendu plus intéressant par la maladie, ne semblait pas justifier cette tendre épithète. Elle raconte seulement au gentleman comment tu t’es porté depuis qu’il t’a quitté.

— Je lui dirai bien moi-même. Il m’a sauvé du feu, il saura tout ; mais je ne veux pas que personne écoute.

— Sans doute, Luke, sans doute, » répondit sa mère pour le calmer.

L’intelligence de la vieille était un peu bornée, et elle n’attachait pas plus d’importance aux paroles que prononçait son fils en ce moment qu’à celles qu’il avait prononcées pendant son délire : cet horrible délire dans lequel il s’était vu d’abord enseveli sous des montagnes de briques et de mortier enflammés, et puis précipité au fond d’un gouffre, d’où la main d’un géant l’avait retiré en le saisissant par les cheveux.

Phœbé Marks avait emmené M. Audley sur le palier, qui avait trois à quatre pieds de large et était à