sonne, et son contenu était plus court que celui du premier.
« Que Dieu ait pitié de vous et vous pardonne ce que vous avez fait aujourd’hui, comme je vous le pardonne moi-même.
« Vivez en paix.
« Vous n’entendrez plus parler de moi.
« Pour vous et pour le monde, je suis, à partir d’aujourd’hui, ce que vous avez voulu que je fusse.
« Ne craignez pas d’être tourmentée, je quitte l’Angleterre pour n’y jamais plus revenir.
Robert Audley regardait ces lignes d’un air égaré. Elles n’étaient pas de l’écriture ordinaire de son ami, et pourtant elles portaient ses initiales et tout faisait croire qu’elles venaient de lui.
Il examina attentivement la figure de Luke Marks en se disant qu’on se jouait de lui peut-être.
« Ceci n’a pas été écrit par George Talboys, dit-il.
— Pardon, répondit Luke Marks, ce fut bien sa main qui traça chaque mot ; seulement, il écrivit de la main gauche parce qu’il avait le bras droit cassé. »
Le soupçon disparut aussitôt de l’esprit de Robert.
« Je comprends, dit-il, je comprends… Dites-moi tout. Racontez-moi comment mon pauvre ami fut sauvé. »
Il ne pouvait s’imaginer que tout ce qu’il avait entendu était vrai. Il ne pouvait croire que cet ami, qu’il avait cru mort pendant si longtemps, était encore de ce monde et viendrait lui tendre la main quand le passé serait oublié ; il était ébloui par ce rayon d’espérance qui venait de luire d’une façon si inattendue.