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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/266

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LE SECRET

la portée de toutes ces lamentations mélancoliques. Elle recommandait à M. Audley de lire beaucoup, de prendre sa profession au sérieux, et de recommencer la vie sur un autre pied. Elle n’était peut-être pas très-agréable, l’existence qu’elle proposait à Robert. Travailler pour être utile à ses semblables et conquérir une réputation n’était pas du goût du jeune avocat, et il faisait la grimace à cette perspective désolante.

« Je consentirais bien à ce qu’elle me propose, se disait-il, mais il faudrait une récompense à mon travail. Si elle voulait partager mon sort et m’aider à supporter la fatigue de la lutte, rien de mieux ; mais si, pendant que je travaille, elle allait épouser quelque noble campagnard ?… »

Avec un caractère irrésolu comme le sien, il est probable que M. Audley eût gardé son secret, effrayé de parler et de briser le charme de cette incertitude qui n’était pas l’espérance, mais qui était encore plus rarement du désespoir si, dans un moment d’oubli, la vérité ne lui eût échappé.

Il était depuis cinq semaines à Grange Heath, et il sentait que les convenances lui défendaient d’y rester plus longtemps. Il fit donc ses préparatifs et son porte-manteau, et un beau matin du mois de mai, il annonça son départ.

M. Talboys n’était pas homme à se lamenter en termes passionnés sur le départ d’un convive ; mais il exprima ses regrets avec une froide cordialité, qui, chez lui, équivalait aux plus chaudes protestations d’amitié.

« Nous avons très-bien vécu ensemble, monsieur Audley, lui dit-il ; vous avez bien voulu trouver de votre goût notre existence calme et réglée, et vous vous êtes même conformé aux usages de la maison avec une complaisance que je regarde comme un compliment à mon adresse, »