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LE SECRET

fût occupé de chercher en quel endroit elle s’était réfugiée.

Il jeta un coup d’œil sur les boutiques les plus rapprochées, et aperçut à quelques pas un boulanger, un papetier et une fruitière. Les trois boutiques avaient des prétentions à un extérieur convenable, quoiqu’elles ne fussent pas encombrées de marchandises.

Robert s’arrêta devant le boulanger, qui prenait le titre de pâtissier, et exhibait dans sa devanture des spécimens de pain d’épice sous globe et des gâteaux glacés recouverts d’une gaze verte.

« Il est probable que cette dame achetait du pain, se disait Robert en réfléchissant devant la boutique. Elle devait se servir au meilleur endroit. Essayons du boulanger. »

Le boulanger était derrière son comptoir, en train de discuter les articles d’une note avec une jeune femme dont la toilette avait dû jadis être élégante. Il ne se donna pas la peine de s’occuper de Robert Audley avant d’avoir fini. Quand il eut compté son argent et donné son acquit, il leva la tête et demanda à l’avocat ce qu’il désirait.

« Pourriez-vous me donner l’adresse d’une mistress Vincent qui habitait le no 9, à Crescent Villas, il y a environ dix-huit mois ? demanda M. Audley d’un ton poli.

— Non, je ne puis pas, répondit le boulanger, devenant très-rouge et parlant beaucoup plus qu’il n’était nécessaire. Je le voudrais cependant bien, car cette dame me doit plus de onze livres pour du pain, et je ne suis pas assez riche pour perdre pareille somme de gaieté de cœur. Je serais très-obligé à quiconque me dirait où elle reste. »

Robert haussa les épaules et souhaita le bonjour au boulanger. Il comprit que la découverte du domicile de cette dame lui donnerait plus de peine qu’il n’avait