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LE SECRET

perçut promptement qu’il n’en retirerait pas grand’chose.

« Je n’ai plus qu’une question à vous faire, ajouta-t-il. Miss Graham n’a-t-elle rien oublié chez vous lorsqu’elle a quitté votre établissement, un chiffon, une parure, n’importe quoi ?

— Rien que je sache, dit mistress Vincent.

— Pardon, madame, s’écria miss Tonks, elle a laissé un carton qui est en haut chez moi ; il renferme un de mes vieux chapeaux. Voulez-vous le voir, monsieur ?

— Si cela ne vous dérange pas d’aller le chercher, je le verrai avec plaisir.

— J’y cours ; il n’est pas bien gros. »

Avant que M. Audley l’eût remerciée, miss Tonks était sortie de l’appartement.

« Comme les femmes sont sans pitié les unes pour les autres, se disait Robert en l’absence de l’institutrice. Miss Tonks devine très-bien que mes questions cachent un danger quelconque. Elle flaire le malheur qui menace son ancienne compagne, et elle m’aide de tout son pouvoir. Qu’est-ce donc qu’un monde où les femmes conduisent tout à notre place ? Helen Maldon, lady Audley, Clara Talboys, et maintenant miss Tonks, — rien que des femmes depuis le commencement jusqu’à la fin. »

Miss Tonks rentra pendant que Robert méditait sur l’infamie de ses pareilles. Elle apportait un carton à chapeau tout démantibulé, et elle le soumit à l’inspection de Robert.

M. Audley s’agenouilla pour examiner les imprimés du chemin de fer et les adresses collées sur le carton. Évidemment il avait couru les chemins de fer et longtemps voyagé, ce carton. Plusieurs adresses avaient été déchirées, mais il en restait des fragments, et sur un bout de papier jaune, Robert lut ces lettres : TURI.