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DE LADY AUDLEY

La lettre écrite à miss Talboys, par son frère George, un mois après son mariage, était datée d’Harrowgate. C’était donc à Harrowgate, concluait Robert, que le jeune couple avait passé sa lune de miel.

Robert Audley priait Clara Talboys de répondre par le télégraphe, pour éviter un retard d’un jour dans l’accomplissement de la promesse qu’il avait faite.

La dépêche télégraphique parvint à Fig-Tree Court le lendemain avant midi.

Le nom du port de mer était Wildernsea, Yorkshire.

Une heure après la réception de ce message, M. Audley arriva à la station de King’s-Cross et prit son billet pour Wildernsea. Le train express partait à deux heures moins un quart.

Il traversa, dans son voyage vers le nord, d’immenses plaines où se montrait çà et là quelque verdure. Cette route ne lui était pas familière, et ce paysage monotone l’attrista. Le but de son excursion, qu’il avait sans cesse présent à l’esprit, assombrissait tous les objets qui frappaient sa vue.

Il faisait nuit quand le train arriva au débarcadère de Hull ; mais Robert Audley n’était pas au terme de sa course. On le conduisit à moitié endormi et en compagnie des facteurs chargés du bagage des voyageurs à un autre train qui devait l’amener à Wildernsea, en passant sur les bords de l’océan Germanique.

Une demi-heure après avoir quitté Hull, Robert sentit sur son visage la fraîcheur de la brise de la mer qui entrait par une portière ouverte, et au bout d’une heure le train s’arrêta à une station isolée bâtie au milieu d’un désert de sable et habité par deux ou trois employés dont l’un fit sonner à toute volée la cloche qui annonçait le train.

M. Audley fut le seul voyageur qui descendit à cette station. Le train continua sa marche vers d’autres coins