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LE SECRET

« Depuis combien de temps habitez-vous ici ? demanda Robert, sortant son agenda de sa poche. Cela vous ennuierait-il si je prenais des notes sur vos réponses ?

— Pas le moins du monde, monsieur, reprit le maître d’hôtel enchanté de la tournure solennelle que Robert donnait à l’affaire. Notez les détails qui peuvent avoir quelque importance pour vous dans un temps à venir…

— C’est ce que je vais faire… murmura Robert en interrompant ce flux de paroles. Merci… Vous êtes ici depuis…

— Six ans, monsieur.

— Depuis 53.

— Depuis novembre 1852. J’étais à Hull avant cette époque. Cette maison n’était finie que depuis le mois d’octobre quand j’y entrai.

— Vous souvient-il d’un lieutenant de navire qui était, je crois, en demi-solde à cette époque… il se nommait Maldon.

— Le capitaine Maldon, monsieur.

— Oui, on l’appelait d’habitude le capitaine Maldon… Je vois que vous vous souvenez de lui.

— Oui, monsieur. C’était une de nos meilleures pratiques. Il passait toutes ses soirées dans le salon où nous sommes, quoique les murs fussent humides, car nous ne pûmes faire poser les tentures qu’une année après. Sa fille épousa un jeune officier qui vint ici avec son régiment vers Noël de 1852. Le mariage eut lieu à Wildernsea ; ils passèrent un mois sur le continent et revinrent ensuite. Mais le mari partit pour l’Australie en laissant sa femme une semaine ou deux semaines après qu’elle fut devenue mère. L’affaire fit grand bruit dans Wildernsea, et mistress… mistress… j’ai oublié le nom.

— Mistress Talboys.