Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
DE LADY AUDLEY

garçons en livrée qui se tenaient à l’entrée principale.

Les visiteurs n’étaient pas nombreux à cette époque de l’année, et ce fut le maître d’hôtel lui-même qui introduisit Robert dans un appartement encombré de tables et de fauteuils qu’il appela pompeusement le salon.

M. Audley s’assit à côté du feu et allongea ses jambes de chaque côté du foyer, tandis que le maître d’hôtel enfonçait son tisonnier dans un amas de charbon et en faisait jaillir une flamme réchauffante.

« Si vous préfériez un salon particulier, monsieur… commença le maître d’hôtel.

— Non, merci, celui-ci me paraît suffisamment désert. Je vous serais obligé de me commander une côtelette de mouton et une pinte de sherry.

— Tout de suite, monsieur.

— Je vous serais encore plus obligé si vous vouliez m’accorder quelques instants de conversation avant de songer à mon dîner.

— Mais avec plaisir, monsieur ; nous voyons si peu de monde en ce moment, que nous sommes bien aises de contenter les personnes qui nous arrivent. Désirez-vous des renseignements sur les environs de Wildernsea et les distractions qu’on y trouve, ajouta le maître d’hôtel, tirant de sa poche, sans y prendre garde, un petit guide de l’endroit qu’il vendait au comptoir… Je serais très-heureux de…

— Ce ne sont pas les environs de Wildernsea qui m’intéressent, interrompit Robert, protestant faiblement contre la volubilité du maître d’hôtel. Je veux vous adresser quelques questions sur des personnes qui ont vécu ici autrefois. »

Le maître d’hôtel s’inclina en souriant d’un air qui témoignait de toute sa bonne volonté à débiter la biographie de tous les habitants du petit port de mer, si cela pouvait plaire à M. Audley.