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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/74

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LE SECRET

avec douleur que la fille de sir Michaël Audley alla chercher des consolations auprès de son chien César, et de sa jument brune Atalante, qui recevait chaque jour les visites de sa maîtresse.

« Voulez-vous venir dans l’allée des tilleuls, lady Audley ? dit Robert quand sa cousine eut quitté le jardin. Je désire vous parler sans crainte d’être dérangé, et je ne pense pas qu’il y ait d’endroit plus convenable que celui-là. Voulez-vous me suivre ?

— Comme il vous plaira, » répondit milady.

Robert s’aperçut qu’elle tremblait et qu’elle regardait de tous côtés comme quelqu’un qui cherche à s’échapper.

« Vous avez le frisson, lady Audley ? dit-il.

— Oui, j’ai froid. J’aimerais tout autant remettre cet entretien à un autre jour. Demain, si vous voulez. Je dois m’habiller pour dîner et voir sir Michaël que j’ai quitté ce matin à dix heures. Remettez cela à demain, voulez-vous ? »

Le ton de milady était péniblement plaintif. Le cœur de Robert en fut ému de pitié. D’horribles images s’offrirent à son esprit en regardant cette tête jeune et belle, et en songeant à la tâche qu’il devait accomplir.

« Il faut que je vous parle, lady Audley. Si je suis cruel, c’est vous qui en êtes cause. Vous auriez pu éviter ce désagrément, ne plus me revoir, je vous avais avertie. Vous avez préféré me défier, et c’est votre faute si je suis sans pitié. Venez, je vous répète qu’il faut que je vous parle. »

La détermination froide qui perçait dans ces paroles fit taire les objections de milady. Elle le suivit sans mot dire à une petite porte en fer qui communiquait avec le long jardin derrière la maison où se trouvait un petit pont rustique par lequel on arrivait à l’allée des tilleuls, de l’autre côté de la mare.