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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/84

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LE SECRET

des vagues furieuses et entraîner son oncle à sa perte.

« Ces deux adresses sont en ma possession, reprit-il. Je les ai enlevées du carton laissé par vous à Crescent Villas, en présence de mistress Vincent et de miss Tonks. Avez-vous quelque chose à dire contre cette preuve ? Vous me déclarez que vous êtes Lucy Graham et que vous n’avez rien de commun avec Helen Talboys. En ce cas vous produirez des témoins qui justifieront de vos antécédents. Où habitiez-vous avant de vous montrer à Crescent Villas ? Vous deviez avoir des parents, des amis, des connaissances qui pourront comparaître et témoigner en votre faveur. Eussiez-vous été la femme la plus abandonnée de toute la terre, il vous serait toujours possible de faire constater votre identité par quelqu’un.

— Oui, s’écria milady, si j’étais au banc des assises, je produirais des témoins qui réfuteraient vos absurdes accusations. Mais comme je n’y suis pas, monsieur Audley, je me contente de rire de votre folie. Je vous déclare que vous êtes fou. Si cela vous plaît de proclamer qu’Helen Talboys n’est pas morte et que c’est moi qui suis Helen Talboys, vous êtes libre, ne vous gênez pas. Si vous trouvez bon d’aller partout où j’ai vécu et où a vécu mistress Talboys, allez ; mais je vous préviens que de pareilles fantaisies ont plus d’une fois conduit des personnes, en apparence aussi raisonnables que vous, à une captivité perpétuelle dans une maison de fous. »

Robert Audley tressaillit et recula de quelques pas au milieu des broussailles en entendant milady parler ainsi.

« Elle est capable de commettre n’importe quel crime pour se mettre à l’abri des conséquences du premier, se dit-il, elle pourrait bien user de son influence sur mon oncle pour m’envoyer dans une maison d’aliénés. »