Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
105
LES OISEAUX DE PROIE

les travaux intellectuels ; elle était indifférente aux choses de la toilette, et cela, de tout temps, a semblé marquer les bas-bleus de l’avenir. Seule dans le monde, Priscilla avait tiré bon parti de son capital, à savoir une certaine éducation. Après avoir occupé pendant près de vingt ans la position de principale sous-maîtresse dans une institution de Brompton, elle avait rendu les derniers devoirs pieusement à celle qui l’employait. Un mois après les funérailles, avec ses économies, elle avait acheté l’institution et était devenue la maîtresse de la maison.

C’est à cette dame que le capitaine confia l’éducation de sa fille. Diana trouva dans la maison un abri, presque une famille ; elle y resta jusqu’à ce que sa parente fût lasse des tristes procédés d’Horatio. On se serait lassé à moins ; il promettait sans cesse, ne tenait jamais, promettait encore, et ses dettes augmentaient chaque jour ; de temps en temps il envoyait des bourriches de gibier, des huîtres, se servait de tous les moyens familiers à ceux qui ont pour métier de faire des dupes.

Le jour vint où Mlle Paget résolut de se débarrasser d’une charge sans profit, et une fois de plus Diana se trouvait rapportée chez son père, comme un paquet de marchandise. Ce sont des enfants précoces que ceux qui prennent leurs premières leçons à l’école de la misère. À l’âge de cinq ans, la jeune fille avait conscience de la dégradation que ce mode d’éducation implique. Combien à quinze ans en sentait-elle plus vivement la honte ! Priscilla fît de son mieux pour adoucir le chagrin de sa pupille au moment de son départ.

« Ce n’est pas que j’aie rien à vous reprocher, Diana, bien qu’il m’ait été fait quelques plaintes sur votre caractère, vous le savez, lui dit-elle amicalement et d’un