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LES OISEAUX DE PROIE

dans les mains les pièces capitales sans lesquelles tout ce que vous pouvez savoir ne peut servir absolument à rien.

« — Je ne suis pas un traître, lui répondis-je tranquillement, car je sens trop de mépris pour lui pour que rien de ce qu’il lui plaît de me dire puisse m’inspirer de la colère. Je n’ai jamais dit un seul mot de nos affaires ni au capitaine, ni à votre frère. Si vous commencez à vous défier de moi, il est temps que vous cherchiez à vous procurer un autre collaborateur.

« À l’instant même, mon Sheldon fut à mes pieds, moralement parlant.

« — Ne tournez pas au mélodrame, Haukehurst, dit-il. Il y a, tous les jours de la semaine, des gens qui se vendent, et personne ne blâme le vendeur, pourvu qu’il fasse un bon marché. Seulement, dans la circonstance, ce serait un marché très-bête.

« Après cet entretien, je pris congé de Sheldon : il se proposait de partir pour Calais le jour même par le train du soir ; il ne devait en revenir que lorsqu’il aurait complété ses investigations ; s’il me trouvait absent à son retour, il en conclurait que j’aurais obtenu le renseignement désiré, et que j’étais parti pour le comté d’York : dans ce cas, il attendrait patiemment que je lui donnasse de mes nouvelles. Je m’en fus directement chez Sparsfield. J’avais passé la plus grande partie de la journée dans le bureau de Sheldon, de sorte que quand je me présentai devant mon complaisant Sparsfield junior, Sparsfield junior était déjà sur le point de se mesurer avec le thé et les rôties. Je fus de nouveau invité à monter au premier, au salon de famille, où, comme la première fois, je fus traité avec cette simple confiance et cette bienveillance que j’ai eu la chance de