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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/14

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LES OISEAUX DE PROIE

vaient être plus ou moins importantes que celles qu’il me remettait ; dans tous les cas la transaction était chanceuse et l’argent de Sheldon était aussi complètement hasardé que s’il eût été risqué au Derby.

« Cependant, avant de me retirer poliment, j’étais résolu à ne pas laisser à Goodge l’idée que j’étais sa dupe.

« — Vous m’avez annoncé qu’il y avait quarante lettres, lui dis-je. Je me rappelle parfaitement ce mot : quarante lettres particulières. Il y en avait certainement quarante et vous en avez retiré du paquet. Je sais fort bien que je n’ai pas contre vous d’action légale, notre transaction s’étant faite verbalement et sans témoins, il faut donc que je me contente de ce que vous me remettez, mais je ne veux pas que vous vous berciez de l’idée d’avoir refait un clerc d’avocat ; vous n’êtes pas assez habile pour cela, M. Goodge, bien que je vous croie assez coquin pour chercher à tromper tous les avocats inscrits au tableau.

« — Jeune homme, faites-vous attention ?…

« — Comme je suis victime du manque de témoins à nos conventions, je puis aussi bien profiter de l’absence de témoins à notre entrevue. Vous êtes un fourbe et un trompeur, M. Goodge, et je vous souhaite le bonsoir.

« — Sortez d’ici, jeune homme ! s’écria Jonas furieux.

« Sa graisseuse figure devint rouge comme une betterave ; il étendit la main vers le tisonnier avec une intention plutôt défensive qu’offensive.

« — Sortez d’ici, jeune homme ! Je vous dis ce qu’Abimelech a dit à Jedediah. Sortez d’ici !

« Je ne suis pas certain que ces deux noms propres dont le Révérend embellit en cette occasion son discours soient bien dans les Saintes Écritures, mais je