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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/151

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LES OISEAUX DE PROIE

réflexion que d’une manière ou d’une autre il fallait m’arranger pour obtenir une copie exacte de cette feuille contenant l’histoire de la famille, sinon le document original. Mon devoir envers Sheldon m’obligeait encore à manquer à tous mes sentiments nouveaux en invoquant hardiment un second prétexte.

« — J’ai un fort intérêt dans un ouvrage qui est prêt à imprimer, dis-je à mon honoré oncle, en ce moment engagé dans une partie de cartes avec sa femme, et j’ai dans l’idée que cette vieille feuille d’une Bible de famille pourrait y fournir la matière d’une excellente page.

« Avec tout autre que l’oncle Joé, j’eusse à peine osé employer un artifice aussi futile.

« — Est-ce possible ? dit l’innocent homme.

« — Feriez-vous quelque objection à ce que je prisse copie de ces annotations ? lui demandai-je.

« — Aucune, mon garçon. Prenez une demi-douzaine de copies, si cela peut être utile à vous ou à d’autres.

« Je remerciai mon naïf hôte et me promis d’écrire à Hull, par le premier courrier du lendemain, pour me procurer du papier à décalquer. Il y avait en tous cas quelque chose d’heureux dans cette conclusion inattendue de mes recherches : cela me fournissait une bonne excuse pour rester plus longtemps près de Charlotte.

« — Ce n’est qu’en souvenir de ma pauvre Mary que je tiens à ce vieux livre, ajouta le fermier d’un air réfléchi ; comme vous voyez, les noms qui y sont inscrits sont ceux de ses parents et non des miens. Cette ferme et tout ce qu’elle renferme était sa propriété. Dorothée et moi ne sommes que des intrus, à bien dire, bien que j’aie apporté ma fortune aussi bien que Dorothée a apporté la sienne dans cette vieille ferme. Soit dit entre nous, Newhall a été grandement amélioré depuis le