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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/159

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LES OISEAUX DE PROIE

de ce village, peur prendre de nouveaux extraits : ceux relatifs au mariage du père de ma jeune héritière et à sa propre naissance. Après cela je crois que mon dossier sera suffisamment complet pour que je puisse me présenter devant Sheldon en conquérant.

« N’est-ce pas avoir fait une grande conquête ? N’est-ce pas à notre époque prosaïque presque un acte héroïque que de s’être lancé dans le monde en simple chercheur et d’avoir fait gagner cent mille livres à la femme que l’on aime ? Et cependant, je voudrais que tout le monde, hormis ma Charlotte, descendît en ligne directe de Matthieu Haygarth.

« 10 novembre. — Me voici de nouveau à Londres. Sheldon est dans l’extase ; nos affaires vont merveilleusement bien, à ce qu’il me dit, soit ; mais elles vont piano, pianissimo, comme toutes ces sortes d’affaires, hélas !

« Mon travail est terminé ; je n’ai plus à m’occuper que des choses qui me regardent et à attendre le fruit du temps.

« Puis-je accepter trois mille livres pour avoir donné à mon adorée ce qui lui appartenait par droit de naissance ? Puis-je accepter le payement d’un service que je lui ai rendu à elle ? Assurément non… Et, d’un autre côté, puis-je continuer à offrir mes hommages à cette chère âme connaissant maintenant ses droits légitimes à la possession d’une grande fortune ? Puis-je profiter de son ignorance sans que l’on m’accuse de l’avoir exploitée ?

« Avant de quitter le comté d’York, j’avais soustrait un jour de plus à Sheldon, afin de passer encore quelques heures à la ferme. Qui peut m’assurer que je ren-