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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/158

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LES OISEAUX DE PROIE

d’elle, longtemps après sa mort, comme si elle eût de son plein gré fait choix de son malheureux sort.

« — N’est-il pas possible, après tout, que M. Kingdon ait épousé Mlle Meynell ?

« — Non, répliqua Charlotte très-tristement, cela n’est pas à espérer. J’ai vu une lettre de ma pauvre tante, écrite bien des années après, lettre qui dit toute la cruelle vérité. J’ai de plus entendu dire que M. Kingdon est revenu dans le comté d’York, marié à une dame riche, alors que ma tante vivait encore.

« — Je voudrais bien voir cette lettre, dis-je involontairement.

« — Et pourquoi, Valentin ? me demanda ma chérie en me regardant avec de grands yeux étonnés. Pour moi il m’est pénible de parler de ces choses-là ; c’est comme si l’on rouvrait une ancienne blessure.

« — Mais si l’intérêt d’autres personnes le réclame ? lui dis-je étourdiment.

« — Qui peut avoir intérêt à ce que l’on montre les lettres de ma pauvre tante ? Ce serait presque déshonorer une morte.

« Que pouvais-je dire après cela, lié comme je le suis de la tête aux pieds par ma promesse à Sheldon ?

« Après un long entretien avec ma douce amie, j’empruntai le dog-cart de l’oncle Joé, et je m’en fus jusqu’à Barngrave. J’y trouvai la petite église sous les voûtes de laquelle Charlotte Meynell avait engagé sa foi à James Halliday. Je pris une copie de tous les articles du registre qui concernaient Mme Meynell Halliday et ses enfants, après quoi je revins à Newhall pour restituer le dog-cart et prendre une dernière tasse de thé à la ferme.

« Demain, j’irai à Barlingford, situé à quinze milles