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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/166

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LES OISEAUX DE PROIE

mon frère pour exhaler son venin contre son maître, peut-être aussi pour se mettre en faveur à Newhall. « Ce n’est pas du côté de Londres qu’il vous aurait fallu aller pour trouver la jeune dame, monsieur, dit-il, il aurait fallu aller du côté opposé. Je sais qu’un jeune homme a conduit M. Kingdon et la sœur de votre femme au travers du pays jusqu’à Hull, avec deux des chevaux de Mylord, en s’arrêtant en route pour manger l’avoine. À Huff, M. Kingdon et la jeune dame sont montés à bord d’un navire, un navire qui était affrété pour l’étranger. » Voilà ce que dit le groom ; mais il importait peu d’apprendre cela alors. Des avis avaient été mis dans les journaux pour l’engager à revenir ; tout ce qui avait dû se faire avait été fait, et en vain, hélas ! Quelques années après, M. Kingdon reparut aussi insolent que jamais, marié avec une personne à la figure jaune, aux cheveux crépus, dont le père possédait la moitié des Indes, au dire des gens du pays. Il battit très-froid à Halliday ; mais un jour qu’ils se rencontrèrent au coin d’un bois, James poussa son cheval vers l’honorable gentleman, et demanda à celui-ci ce qu’il avait fait de Susan. Ceux qui furent témoins de la rencontre dirent que Kingdon devint pâle comme un spectre, lorsqu’il vit Halliday s’avancer vers lui sur son gros cheval trapu. Néanmoins, la querelle n’eut pas de suites. M. Kingdon ne vécut pas de longues années pour jouir de la fortune de sa mulâtresse. Il mourut avant son frère ; et ni l’un ni l’autre ne laissèrent d’enfants pour hériter de l’argent non plus que du titre de Durnsville qui, à la mort du vicomte, se trouva éteint.

« — Et qu’est devenue la pauvre fille ?

« — Ah ! pauvre fillette, que vous en dirai-je ? Ce ne fut que quinze ans après son départ de la maison que