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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/167

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LES OISEAUX DE PROIE

sa sœur reçut d’elle quelques lignes disant qu’elle était de ce monde. Puis arriva une seconde lettre aussi désolante que possible. La pauvre créature écrivait à sa sœur pour lui dire qu’elle était à Londres, seule, sans argent, et, à ce qu’elle croyait, sur le point de mourir.

« — Et sa sœur alla vers elle ?

« Je me rappelai les sentences écrites par la main d’une femme sur la Bible de famille.

« — C’est ce qu’elle a fait, la bonne âme, aussi vite qu’elle a pu, emportant avec elle une bourse pleine. Elle trouva la pauvre Susan dans une auberge d’Aldergate Street, l’ancien quartier, vous voyez, où elle avait passé sa jeunesse. Mme Halliday avait l’intention de ramener la pauvre fille dans le comté d’York, et avait arrangé cela avec Halliday ; mais il était trop tard. Elle trouva Susan mourante, n’ayant plus sa tête ; elle put à peine reconnaître sa sœur et lui demander son pardon.

« — Fut-ce là tout ? demandai-je immédiatement.

« M. Mercer fit dans sa narration une longue pause pendant laquelle nous marchâmes, lui, réfléchissant sur le passé, moi, attendant avec impatience des renseignements plus complets.

« — En effet, mon garçon, c’est à peu près tout. Où Susan était-elle allée pendant ces années et qu’avait-elle fait ? Mme Halliday ne put l’apprendre. Dans les derniers temps, elle avait vécu à l’étranger. Les vêtements qu’elle avait portés en dernier lieu étaient de provenance étrangère, très-pauvres, et très-usés. Il y avait de plus dans sa chambre à l’auberge une petite boîte en bois faite à Rouen, car le nom du fabricant de malles était sur l’étiquette du couvercle. Il n’y avait dans sa boîte ni lettres ni papiers d’aucun genre, de sorte que, comme vous voyez, rien ne pouvait réelle-