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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/168

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LES OISEAUX DE PROIE

ment révéler quelle avait pu être l’existence de la pauvre créature. Tout ce que sa sœur put faire fut de rester près d’elle, de la consoler jusqu’au dernier moment, et, enfin, de veiller à ce qu’elle pût trouver le repos dans une tombe décente. Elle fut enterrée dans un petit cimetière de la Cité, dont les arbres verts se dressaient au milieu de la fumée des cheminées. M. Kingdon était à cette époque mort depuis plusieurs années.

« — Sa dernière lettre existe-t-elle encore ? demandai-je.

« — Oui ; ma première femme l’avait gardée avec ses autres lettres et papiers de famille. Dorothée l’a soigneusement serrée. Nous autres, gens de campagne, nous conservons ces choses-là, vous savez.

« J’aurais bien voulu demander à M. Mercer de me laisser voir cette dernière lettre écrite par Mlle Meynell ; mais quelle excuse pouvais-je imaginer pour le faire ? J’étais complètement lié par mon engagement envers George et n’avais aucun prétexte plausible qui justifiât ma curiosité.

« Il était un point que j’avais surtout à éclaircir dans l’intérêt de Sheldon, ne ferais-je pas mieux de dire de ma Charlotte ? Ce point, le plus important de tous, était la question de savoir s’il y avait eu mariage, oui ou non.

« — Vous paraissez assez bien fixé sur ce fait que Kingdon n’a jamais épousé la jeune femme ? dis-je.

« — Oh ! oui, répliqua l’oncle Joé, cela ne laisse aucun doute, je suis fâché de le dire. Kingdon n’eût pas osé revenir ici avec son Indienne, alors que Susan vivait encore, s’il eût été marié avec elle.

« — Et qu’a-t-on appris au sujet de la femme qu’il avait, dit-on, épousée en Espagne ?