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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/172

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LES OISEAUX DE PROIE

Dans cette affaire, les idées de Mlle Halliday seront ses idées. Quand mon dossier sera assez complet pour entamer l’action, je ferai mon marché ; la moitié de la fortune pour moi le jour où elle sera recouvrée. Mlle Halliday devra en signer l’engagement avant que je me dessaisisse du moindre document ; or, dans l’état où en sont les choses, continua-t-il en me regardant très-fixement, l’exécution de cet engagement dépendra entièrement de Philippe.

« — Et quand ferez-vous vos ouvertures à M. Sheldon ? demandai-je, ne comprenant rien à la fixité de son regard.

« — Pas avant que les derniers anneaux de la chaîne aient été soudés. Pas avant que je sois en mesure d’agir devant le Chancelier de l’Échiquier. Peut-être pas du tout.

« — Comment l’entendez-vous ?

« — Si je puis flotter encore quelque temps, je saurai jeter Philippe par-dessus le bord et trouver quelque autre qui agisse pour moi près de Mlle Halliday.

« — Qu’entendez-vous par là ?

« — Je vais vous le dire, répondit mon patron, en appuyant ses coudes sur la table près de laquelle nous étions assis, et en plongeant jusqu’en moi-même son regard perçant. Mon frère m’a joué, il y a quelques années, un vilain tour que je n’ai ni oublié, ni pardonné ; si bien que je ne reculerais pas devant l’idée de le payer de la même monnaie. Sans compter, je vous le répète, que je n’aime pas à voir son doigt dans cette affaire. Là où un homme de son espèce peut mettre un doigt, sa main tout entière ne tarde pas à passer, et si une fois il peut mettre la main sur l’argent de Haygarth, ce sera un mauvais moment pour vous et pour moi. Mlle Halli-