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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/171

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LES OISEAUX DE PROIE

cimetière de l’église Saint Giles. Et elle est inscrite sur ce registre sous son nom de fille, et, dans un coin du cimetière, existe encore une tombe couverte d’une simple pierre, sur laquelle sont gravés les noms de Susan Meynell, décédée le 14 juillet 1835 ; très-regrettée ; puis le texte relatif au pécheur qui se repent, et cætera, dit Sheldon, comme s’il n’eût pas eu envie de s’arrêter sur une vérité si rebattue.

« — Mais, commençai-je, elle peut avoir été mariée en dépit de…

« — Oui, cela se peut, répliqua immédiatement Sheldon ; mais comme vous voyez, il est probable que cela n’a pas eu lieu. Si elle eût été mariée, elle l’eût dit à sa sœur, dans sa dernière lettre, ou lorsqu’elles se sont rencontrées.

« — Mais alors, elle n’avait pas sa tête, le délire commençait.

« — Non, pas pendant tout le temps. Elle avait encore assez de présence d’esprit pour parler de ses chagrins passés, de ses enfants, si elle en avait jamais eu. De plus, si elle avait été mariée, il est probable qu’elle n’eût pas erré aussi misérablement de par le monde. Non, soyez sûr que nous n’avons rien à redouter de ce côté. La personne que nous avons à craindre, c’est mon frère.

« — Vous avez parlé l’autre jour d’un marché à faire avec lui, dis-je, je n’ai pas bien compris ce que vous entendiez par là. La fortune ne peut être réclamée que par Char… Mlle Halliday, et votre frère n’a aucun droit légal sur ce qui lui appartient.

« — Oh ! certainement non, répliqua Sheldon avec une impatience dédaigneuse, causée par mon peu de perspicacité ; mais mon frère se soucie bien de la légalité.