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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/196

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LES OISEAUX DE PROIE

à sa façon et aurait affirmé sa supériorité sur toute autre fille du monde ; mais la faculté de la comprendre n’avait pas été donnée à son esprit étroit. La seule façon pour Mme Sheldon de lui prouver son affection, résidait en une indulgence illimitée et aussi en une facilité extrême à lui faire, à propos de tout et de rien des petits cadeaux. Charlotte ne les désirait pas, mais Georgina les trouvait de son goût, et cela l’amusait de les offrir.

Il se trouva que Sheldon était allé ce soir-là dîner dehors ; il assistait à une grande fête de la Cité, à laquelle quelques-uns des hommes les plus considérables de la Bourse avaient été invités. Mlle Halliday eut donc une excellente occasion pour faire sa confession à sa mère.

La pauvre Georgy ne fut pas peu surprise de l’aveu.

« Ma bien-aimée Charlotte, s’écria-t-elle, pensez-vous que votre papa voudra jamais consentir à pareille chose ?

— Je pense que mon cher père aurait consenti à tout ce qui aurait pu assurer mon bonheur, maman, » répondit tristement la jeune fille.

Elle songeait combien cette crise de sa vie lui eût été adoucie si le père qu’elle avait tant aimé eût été là pour l’aider et la conseiller,

« Je ne parlais pas de mon pauvre cher premier mari… » dit Georgy.

Toutes les fois que Georgina donnait à l’un de ses deux maris son numéro d’ordre, Charlotte était comme froissée dans ses sentiments de fille.

« Je pensais à votre beau-père. Il ne consentira jamais à vous voir épouser M. Haukehurst, qui en réalité, ne paraît avoir autre chose pour le recommander que ses beaux yeux et son obligeance à nous donner des billets de spectacle.