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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/200

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LES OISEAUX DE PROIE

— Chère maman, cela ne fait pas question du tout, car je suis déjà engagée avec lui.

— Mais, Charlotte…

— Je ne pense pas que je pourrais prendre sur moi de vous désobéir, chère mère, continua la jeune fille avec tendresse, et si vous me dites de votre libre volonté, de votre propre mouvement, que je ne dois pas me marier avec lui, il faudra que je courbe la tête sous votre décision, si dure qu’elle puisse me paraître. Mais il y a une chose tout à fait certaine, maman, c’est que j’ai donné ma promesse à Valentin et que si je ne me marie pas avec lui, je ne me marierai pas du tout. Alors la fatale prédiction de la pièce de quatre sous se trouvera réalisée. »

Mlle Halliday dit cela d’un air tellement décidé, que sa mère en fut toute déconcertée. Il était dans la nature d’esprit de Georgy de protester faiblement contre tous les accidents de la vie, puis de se soumettre avec tranquillité à ce qu’elle ne pouvait éviter ; du moment donc où l’acceptation de Valentin comme mari de Charlotte parut inévitable, elle ne crut pouvoir faire autrement en cette circonstance que de se soumettre également.

Valentin fut autorisé à venir à La Pelouse, où il fut accueilli avec une grâce un peu molle par la maîtresse de la maison. Il fut invité à rester pour prendre le thé à cinq heures et se prévalut avec bonheur de ce délicieux privilège. Son instinct lui dit quelle gracieuse main avait préparé ce repas d’une façon si hospitalière ; il lui dit aussi pour qui les minces tartines de beurre, ordinairement servies par la femme de chambre, avaient été remplacées par un plateau chargé de galettes de plomb et de confitures.

Haukehurst fit tout ce qui dépendait de lui pour