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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/208

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LES OISEAUX DE PROIE

mieux que lui-même. Il peut être un vaurien, et néanmoins son amour pour une parfaite créature peut être aussi pur et aussi parfait que possible. C’est un mystère psychologique inconnu dans Gray’s Inn, n’est-il pas vrai ?

— Si vous voulez me faire le plaisir de parler pendant cinq minutes le langage du sens commun, vous pourrez ensuite appliquer votre puissante intelligence à l’étude des mystères psychologiques pendant un mois et plus si cela vous convient, s’exclama l’avocat qui n’en pouvait plus d’agacement.

— Et ne voyez-vous pas que je m’efforce de conserver ma tête et de parler raison, s’écria Valentin ; mais quand un homme est éperdûment amoureux, il lui est difficile de maintenir ses idées sous une morale infaillible. Vous me demandez quand j’épouserai Charlotte. Demain, si cela dépendait de moi. Mme Sheldon connaît notre engagement. Elle y a donné son consentement, mais non sans protester. Je n’ose espérer que Charlotte puisse être séparée de sa mère avant quelque temps. Oui, cela durera longtemps. En attendant, je travaille ferme pour me faire une position dans la littérature ; car, avant de me marier, je veux être assuré d’un revenu sans avoir à compter sur Matthieu Haygarth, et je suis admis au privilège de faire à La Pelouse des visites régulières.

— Mais on n’a rien dit à Philippe ?

— Rien, jusqu’à présent. Je rends mes visites pendant qu’il est à la Cité, et comme je venais souvent à la villa avant mon engagement, il n’est pas probable que la mention de mon nom comme visiteur puisse lui inspirer aucun soupçon.

— Et pensez-vous réellement qu’il ne soit pas mieux