Aller au contenu

Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
217
LES OISEAUX DE PROIE

qu’elle m’a dit ? Oui…, je crois que je puis me fier à elle… jusqu’à un certain point ; mais au delà, il faudra me tenir sur mes gardes. Elle pourrait être plus dangereuse qu’une étrangère. Il y a une chose certaine, c’est qu’il me faut lui faire un sort d’une manière ou d’une autre. La seule question est de savoir si ce doit être dans cette maison ou dehors, et si je pourrai l’amener à me servir comme j’ai besoin qu’elle me serve. »

C’est sur ce point que portèrent les réflexions de Sheldon, il s’y abandonna pendant quelque temps. La question qu’il avait à résoudre était grave pour lui, et il n’était pas homme à prendre une décision sans avoir envisagé les choses sous toutes leurs faces.

Il prit une liasse de papiers sur un des coins de sa table et tourna plusieurs lettres ouvertes avant d’arriver à celle qu’il cherchait. Il la trouva enfin. Elle était écrite sur une feuille de papier très-grossier, avec de l’encre pâle, et évidemment de la main d’une personne sans instruction ; néanmoins, Sheldon en étudia le contenu de l’air d’un homme qui n’est pas en face d’une chose insignifiante.

La lettre qui intéressait si sérieusement l’agent de change, lettre farcie de fautes d’orthographe et dénuée de toute espèce de ponctuation, contenait ce qui suit :

« Honoré Monsieur,

« C’est pour avoir l’honneur de m’informer de votre santé et de celle de l’Honorée Madame à cette fin de savoir si vous vous portez aussi bien que quand vous m’avez quitté quoi que je ne sois pas aussi forte que je le désirerais ce que je ne puis pas espérer à cause de mon âge, mon pauvre neveu a été pris par le ty-