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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/238

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LES OISEAUX DE PROIE

tures qui dépassa tout à fait sa compréhension. Après ces formalités accomplies, on lui dit qu’elle était propriétaire de cinq mille livres en actions de la Banque Unitas, et que le dividende auquel ces actions auraient droit de temps à autre, lui serait remis pour qu’elle en disposât à sa guise.

« Le revenu que produira votre capital sera plus que vous ne pourrez dépenser tant que vous demeurerez chez moi, je vous engagerais donc fortement à placer ces dividendes à mesure que vous les toucherez, de manière à accroître le capital.

— Vous êtes si bon et si prévoyant, que je serai toujours heureuse de suivre vos avis. »

Elle était vivement impressionnée de la bonté de l’homme que sa pensée avait accusé.

« Comme il est difficile de comprendre ces gens réservés et positifs, se dit-elle à elle-même. Parce que mon beau-père ne parle pas sentiment, je me suis imaginé qu’il était dur et égoïste, néanmoins il s’est montré aussi capable de faire une noble action que s’il eût été l’homme le plus poétique du monde. »

L’on avait dit à Mme Sheldon que Charlotte allait dans la Cité pour faire choix d’une nouvelle montre pour remplacer le petit joujou de Genève, qui avait fait ses délices pendant son séjour à la pension ; et comme Charlotte rapporta à la maison un chronomètre des plus coquets et des plus complets de fabrication anglaise, la simple Georgy accepta tout bonnement l’explication.

« Charlotte, vous devez reconnaître que votre beau-père est la bonté même dans bien des circonstances, dit Georgy, après avoir examiné la nouvelle montre avec admiration. Quand je pense avec quelle indul-