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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/237

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LES OISEAUX DE PROIE

— En vérité, non, répliqua Sheldon d’un ton pensif. Ces arrangements de famille ne peuvent être tenus trop secrets. Votre maman est un peu causeuse, et comme nous n’avons pas besoin que personne connaisse le montant exact de notre fortune, il vaut autant laisser les choses comme elles sont. De plus, vous ne désirez pas sans doute que M. Haukehurst en soit instruit ?

— Pourquoi non, papa ?

— Pour plusieurs raisons. La première et la principale est qu’il doit être agréable pour vous d’être sûre qu’il est complètement désintéressé. Je lui ai dit que je vous ferais don de quelque chose, mais il a pu comprendre que ce quelque chose voulait dire une couple de centaines de livres pour meubler votre maison. En second lieu, il ne faut pas oublier qu’il a été élevé à mauvaise école, et que le meilleur moyen pour lui apprendre à connaître ses propres forces est de lui laisser la pensée que son travail est la seule chose sur laquelle il puisse compter. Je lui ai assigné une tâche. Lorsqu’il l’aura accomplie, il vous aura vous et vos cinq mille livres. Jusque-là, je vous engage fortement à garder le secret.

— Oui, répondit Charlotte pensive, je crois que vous avez raison. Il m’eût été bien agréable de lui faire connaître votre bonté ; mais je veux être tout à fait sûre qu’il m’aime pour moi-même… du commencement à la fin… sans aucune réserve, oui, sans la plus petite réserve.

— Cela est très-sage, » dit d’un ton décidé Sheldon.

Ce fut ainsi que se termina l’entrevue.

Le lendemain, de bonne heure, Charlotte accompagna son beau-père dans la Cité, et elle assista à une petite jonglerie commerciale de signatures et de contre-signa-