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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/244

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LES OISEAUX DE PROIE

George ne cessait de prêcher la nécessité d’un mariage immédiat ; Valentin se refusait à ne pas agir loyalement après la générosité inattendue que l’agent de change lui avait montrée.

« Générosité !… répliqua George, générosité !… La générosité de mon frère !… Parbleu ! voilà bien la meilleure chose que j’aie entendue depuis dix ans. Si cela me faisait plaisir, je pourrais vous conter, à propos de mon frère, quelque chose qui vous mettrait à même d’apprécier sa générosité à sa véritable valeur ; mais cela ne me fait pas plaisir. Si vous préférez agir contre moi et mes intérêts, vous aurez à payer le prix de votre folie ; vous pourrez vous considérer comme extrêmement chanceux, si ce n’est pas un prix extrêmement élevé.

— Je suis prêt à supporter les conséquences de ma détermination, répondit Valentin. Mlle Halliday, sans un sou, m’est tellement chère, que je ne suis nullement disposé à commettre une action malhonnête pour m’assurer une partie de la fortune à laquelle elle a droit. J’ai tourné une nouvelle feuille de mon livre le jour où j’ai été certain d’être aimé, et je ne veux pas revenir aux pages anciennes. »

George leva les épaules avec humeur.

« J’ai connu un bon nombre de fous, dit-il ; mais je n’ai jamais rencontré un fou qui fût disposé à jouer à qui perd-gagne avec cent mille livres et jusqu’à présent je n’aurais pas cru à l’existence d’une pareille brute. »

Haukehurst dédaigna de répondre.

« Soyez raisonnable, dit-il. Vous me demandez de faire ce que ma conscience ne me permet pas de faire et de plus ce que vous me demandez me paraît complètement impossible. Je ne puis croire un moment qu’au-