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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/249

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LES OISEAUX DE PROIE

commence à m’apercevoir de mon âge lorsque je mets mes pauvres vieux os dans des attitudes anormales. Je présume que faire une malle ou deux ne sera qu’un jeu d’enfant pour vous.

— Je ferai une demi-douzaine de malles si cela vous est agréable, répliqua Valentin. Mais que signifie ce brusque départ ? Je ne savais pas que vous dussiez quitter la ville.

— Je ne le savais pas moi-même lorsque nous avons déjeuné ensemble. J’ai reçu ce matin l’offre inattendue d’une situation très-convenable à l’étranger, une sorte d’agence qui vaudra beaucoup mieux que les affaires incertaines dont je me suis occupé dans ces derniers temps.

— Quelle sorte d’agence, et où cela est-il ?

— Autant que je ne puis m’en rendre compte pour le moment, il s’agirait de quelque chose dans le genre d’une navigation à la vapeur. Mon quartier-général sera à Rouen.

— Rouen ! mais c’est une vieille ville assez vivante et aussi pittoresque qu’un roman de Walter Scott, pourvu qu’on ne l’ait pas modernisée depuis le temps. Je suis très-aise d’apprendre que vous ayez trouvé pour vous un lit convenable.

— Je ne suis pas fâché de quitter l’Angleterre, Valentin, répondit le capitaine d’un ton assez piteux.

— Pourquoi donc ?

— Parce que le moment est arrivé où nous devons nous séparer. Notre association commence à être désavantageuse pour vous, Valentin. Nous avons eu ensemble bien des hauts et des bas, et elle n’a pas été trop désagréable, tout bien considéré, mais maintenant que vous voilà lancé dans la carrière littéraire, engagé avec