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LES OISEAUX DE PROIE

« Quelle nouvelle évolution Philippe se prépare-t-il à faire ? » se demandait-il.

Les deux hommes allumèrent leurs cigares et attendirent qu’ils fussent bien enflammés avant que Sheldon prît la parole.

« Lorsque j’ai consenti à vous recevoir comme prétendant à la main de Mlle Halliday, mon cher, dit-il enfin, je vous ai dit que j’agissais comme peu d’autres l’auraient fait, et en cela, je ne vous ai dit que la vérité. Depuis que je vous ai donné ce consentement, j’ai fait une très-étonnante découverte qui me met dans une situation tout à fait nouvelle.

— En vérité !

— Oui, mon cher. Il est venu à ma connaissance que Mlle Halliday, cette jeune fille que je croyais entièrement sous la dépendance de ma générosité, est l’héritière légale d’une grande fortune. Vous comprendrez certainement que cela change l’état des choses.

— Je le vois, dit vivement Valentin ; mais vous êtes convaincu, je l’espère, que je ne m’en doutais pas lorsque j’ai demandé à Mlle Halliday d’être ma femme. Quant à mon amour pour elle, il me serait difficile de vous dire quand il a commencé. Je crois que c’est la première fois que je l’ai vue. Je ne me souviens pas d’une seule fois où je ne l’aie aimée.

— Si je ne vous croyais pas au-dessus de toute considération d’intérêt, vous ne seriez pas aujourd’hui sous mon toit, M. Haukehurst, dit l’agent de change avec une extrême gravité. La découverte en question ne me cause aucun plaisir. Les droits à cette fortune ne font qu’augmenter ma responsabilité à son égard, et la responsabilité est ce que je voudrais le plus éviter. En conséquence, j’ai décidé que les choses resteraient ce qu’elles