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LES OISEAUX DE PROIE

de moi-même, je ne serais pas ici, cette nuit, avec votre bras autour de mon cou et son nom sur mes lèvres. Je n’ai jamais fait des vœux pour votre bonheur jusqu’à ce soir, Charlotte, et maintenant, pour la première fois, je puis le faire en tout honneur et sincérité. Je ne dis pas que pour moi Valentin sera jamais tout à fait ce que sont les autres hommes. Je pense que jusqu’à la fin de ma vie il y aura dans sa figure un regard, dans sa voix un ton, qui me toucheront plus profondément que ceux d’aucun autre, mais mon affection pour vous a surmonté mon amour pour lui, et je n’ai dans l’esprit aucune arrière-pensée en ce moment, où, assise à vos pieds, je prie Dieu qu’il bénisse votre choix.

— Ma Diana chérie, je ne sais comment vous remercier… comment vous exprimer ma confiance et mon affection.

— Je me demande si je suis digne de votre affection, chère ; mais avec l’aide de Dieu, je serai digne de votre confiance, et s’il vient jamais un jour où mon amitié puisse vous venir en aide, mon dévouement vous servir, ni l’un ni l’autre ne vous feront défaut. Écoutez, chère, voici les doux chants de l’hymne de Noël qui se font entendre. Vous rappelez-vous ce qu’a dit Shakespeare « que les oiseaux chantent la nuit entière et qu’alors aucun mauvais esprit n’erre dans l’espace, car cette nuit est faite de grâce, de sainteté. » J’ai dompté mon mauvais esprit, Charlotte, et il y aura entre nous paix et véritable amitié pour toujours, n’est-ce pas ma bien-aimée Charlotte ?…

Ainsi finit l’histoire des jeunes amours de Diana Paget… de cet amour qui avait grandi en secret, pour s’éteindre dans le silence de son cœur, et y demeurer ense-