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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/50

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LES OISEAUX DE PROIE

la misère, devant moi, et je serais heureux de reposer en paix dans la même tombe que mon petit M***. »

« Je ne puis rien trouver de plus sur cette mort ; seulement çà et là de tristes allusions. Je présume que la plus grande partie des lettres de Matthieu a dû être perdue, car les dates de celles que j’ai dans les mains sont très-espacées et je trouve dans la plupart l’indication évidente d’autres correspondances. Après la lettre sur la mort du petit M*** il y a une lacune de huit années. Puis vient une lettre portant le timbre de Londres, très-bien marqué.

« J’en extrais le passage suivant :

« 4 Octobre 1759. La ville est bien triste, tout le monde, grands et petits, riches et pauvres, est en deuil du général Wolf. Quelle noble mort, et combien elle est préférable à la vie quand on considère ses peines et ses misères ! Cette opinion a été aussi celle de bien des gens qui valaient mieux que votre serviteur. Jeudi dernier je me trouvais avec un écrivain distingué, le docteur Johnson, celui qui a écrit l’admirable histoire de Rasselas, que je vous ai envoyée dès son apparition. Ce Johnson, je dois l’avouer, est infiniment moins distingué comme gentleman que comme auteur. Il porte du linge sale, met mal sa cravate, et a des façons qui, chez un autre, seraient considérées comme celles d’un homme mal élevé. Il a fait une réflexion qui m’a vivement impressionné. L’une des personnes présentes, presque tous gens de savoir et de talent, excepté votre pauvre ignorant de frère, fit observer que c’était un dire,