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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/71

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LES OISEAUX DE PROIE

— Vous dînerez dehors, je présume ? »

C’était une manière polie de dire à Haukehurst qu’il n’y aurait pas de dîner pour lui à la maison.

« Probablement. Vous savez que je ne suis pas difficile ; je prends ce qui se trouve, un souper au champagne comme un sandwich au jambon et un verre d’ale.

— Oui, la jeunesse n’y regarde pas de si près. Je vous retrouverai sans doute ici lorsque je rentrerai ce soir ? Je dînerai probablement dans la Cité. Au plaisir.

— Je n’en connais pas beaucoup de plaisirs, murmura à part lui Haukehurst. Vous êtes un fort aimable homme, mon ami Horatio, mais je commence à sentir que j’ai de vous par-dessus les oreilles. Pauvre Diana, quel père !… »

Sans perdre plus de temps en commentaires sur son patron, il se dirigea immédiatement sur Gray’s Inn ; il était de trop bonne heure pour se présenter à La Pelouse. Il ne pouvait guère, d’ailleurs, se présenter à la maison gothique sans un prétexte plausible : il prit donc le chemin de Gray’s Inn. Sur la route il y avait une taverne près du Strand, où se réunissaient habituellement les membres d’une certaine société littéraire. Il y entra et eut l’heureuse chance d’y rencontrer un des membres de l’association, un auteur dramatique, lequel lisait dans un journal du matin le compte-rendu d’une pièce d’un de ses rivaux, représentée la veille. Il paraissait même se réjouir beaucoup des critiques acerbes dont elle était l’objet. Haukehurst obtint de ce gentleman une loge pour l’un des théâtres du West End, et une fois muni de ce talisman, il se sentit tout prêt à frapper à la porte de Sheldon.

« Sera-t-elle bien aise de me revoir ? se demanda-t-il