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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/77

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LES OISEAUX DE PROIE

— Eh bien ! soit ; je ne devrais pas parler ainsi, répondit Valentin en s’excusant, mais il y a dans la vie de l’homme des jours où il semble qu’il y ait un sombre nuage entre lui et tout ce qu’il regarde, et je suis dans un de ces jours-là. Je sens sous mon gilet quelque chose d’oppressé… mon cœur peut-être… un sentiment d’abattement physique ou moral dont je ne puis me défendre. Si quelqu’un eût marché près de moi depuis Chelsea jusqu’à Holborn en murmurant à chaque pas à mon oreille de funestes pressentiments, je ne serais pas plus abattu que je ne le suis.

— Qu’avez-vous donc mangé à déjeuner ? demanda avec impatience Sheldon. Ce doit être quelque beefsteak dur et mal cuit ; ne me faites pas, je vous en prie, supporter les conséquences de votre mauvaise digestion. Me dire qu’il y a un nuage entre vous et tout ce que vous voyez est tout simplement une façon sentimentale de me dire que vous avez la bile en mouvement. Je vous en prie, reprenez vos esprits et occupons-nous de nos affaires. Pour commencer, regardez la cote A. C’est une copie du registre où est inscrit le mariage de Matthieu Haygarth, célibataire, de Clerkenwel, avec Mary Murchison, fille majeure, de Southwark, dans le comté de Surrey ; puis, sous la cote B, une copie du registre où est constaté le mariage entre William Meynell, célibataire, de Smithfield, comté de Middlesex, et Caroline Mary Haygarth, de Highgate, dans le même comté.

— Ainsi vous avez trouvé la preuve d’un deuxième mariage dans la dynastie des Haygarth ?

— Comme vous le voyez. La C*** des lettres de Matthieu est la Caroline Mary, ici mentionnée, la fille et héritière de Matthieu Haygarth, appelée Caroline, sans