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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/80

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LES OISEAUX DE PROIE

ne nous en faut et l’embarras que nous aurons à faire le part de chacun.

— J’irai dès demain matin tâter le pouls de mon ami le papetier, dit Valentin.

— Vous feriez mieux de n’aller chez lui que dans l’après-midi, à l’heure où les affaires sont à peu près terminées, répliqua le prudent Sheldon. Maintenant, ce que vous avez à faire est de commencer par vous armer de volonté et de patience. Si vous agissez aussi bien à Londres que vous l’avez fait à Ullerton, ni vous, ni moi n’aurons à nous en plaindre. Je ne crois pas avoir besoin d’insister sur la nécessité de garder le secret ?

— Non, répliqua Valentin, c’est plus qu’évident. »

Il donna ensuite connaissance à George de sa rencontre avec le capitaine, sur la plate-forme, à Ullerton, et des soupçons que lui avait inspirés la vue d’un gant dans le parloir de Goodge.

L’avocat secoua la tête.

« Je crois que vous allez un peu loin dans vos suppositions au sujet du gant, dit-il un peu songeur, mais je n’aime pas cette rencontre à la station. En fait de manœuvres, mon frère Philippe est capable de tout, et je n’ai pas honte d’avouer que je ne suis pas de force à lutter avec lui. Il est venu ici un jour que j’avais toute grande ouverte devant moi la table généalogique des Haygarth, et j’ai vu qu’il flairait quelque chose. Nous avons à nous défier de lui, Haukehurst, et il nous faut aller vite si nous ne voulons pas nous laisser distancer par lui.

— Je ne laisserai pas l’herbe croître sous mes pieds, répliqua Valentin. J’avais pris un véritable intérêt à cette histoire des Haygarth. Elle me faisait l’effet d’un roman. Je n’ai pas autant de goût pour la chasse aux