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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/81

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LES OISEAUX DE PROIE

Meynell, mais j’espère que je m’y intéresserai à mesure que j’avancerai. Voulez-vous que je revienne après-demain vous conter mes aventures ?

— Je crois que vous ferez mieux de procéder comme la première fois et de me faire connaître le résultat de votre travail sous la forme d’un compte-rendu journalier. »

Sur ce, ils se séparèrent.

Il était alors deux heures et demie ; il serait trois heures avant que Valentin pût arriver à La Pelouse, une heure très-convenable pour se présenter devant Mme Sheldon et lui offrir une loge pour la pièce nouvelle.

Un omnibus le transporta à Bayswater ; il lui sembla qu’il marchait comme une tortue. Enfin, les arbres sans feuilles du parc de Kensington apparurent à Valentin à travers les chapeaux des voyageurs assis en face de lui. Il vit à travers ces arbres desséchés, le souvenir de sa chère Charlotte. C’était sous leur ombrage qu’il s’était séparé d’elle, et maintenant il allait revoir son radieux visage. Il avait été absent une quinzaine de jours environ ; mais en songeant à Mlle Halliday, ces quinze jours lui semblaient un demi-siècle.

Les chrysanthèmes s’épanouissaient dans le petit jardin de Sheldon, les carreaux des fenêtres brillaient ; on eût dit une de ces maisons peintes et encadrées que l’on voit dans les bureaux des agents d’affaires ; le gazon est du plus beau vert, les croisées du bleu le plus éclatant, les briques du plus beau rouge, et les pierres de la plus parfaite blancheur.

« Cette maison me ferait grincer les dents si je ne savais l’exquise personne qui l’habite, » pensa Valentin en lui-même, pendant qu’il attendait à la grille.