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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/82

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LES OISEAUX DE PROIE

Il chercha vainement dans le jardin l’apparition d’une forme féminine : aucune robe flottante, aucune plume coquettement posée ne lui révéla la présence de la divinité.

La femme de charge lui apprit que Mme Sheldon était chez elle, en lui demandant s’il lui serait agréable d’entrer au salon pour l’attendre. S’il lui serait agréable ?… N’eût-ce pas été un bonheur pour lui d’entrer dans une fournaise ardente s’il avait eu la chance de rencontrer Charlotte au milieu des flammes. Il suivit la femme de chambre dans l’irréprochable salon d’attente où les livres d’apparat étaient rangés sur la somptueuse table. Tout y était propre et glacial : un feu récemment allumé flambait, se reflétait dans le poli de la grille d’acier du foyer, et une femme penchée sur un ouvrage à l’aiguille était assise auprès d’une des larges croisées.

C’était Diana : elle était seule. Valentin sentit quelque peu son cœur défaillir, lorsqu’en apercevant cette figure solitaire il vit que ce n’était pas celle de la femme qu’il espérait rencontrer.

Diana leva les yeux et le reconnut : une légère rougeur monta à ses joues, mais elle s’effaça presque tout de suite, et Valentin n’y vit rien.

« Comment vous portez-vous, Diana ? dit-il. Me voici revenu, comme vous voyez. J’apporte à Mme Sheldon une loge pour le Théâtre de la Princesse.

— C’est très-aimable à vous, M. Haukehurst ; mais je ne pense pas qu’elle soit disposée à en profiter. Elle se plaignait d’un mal de tête cette après-midi.

— Oh ! elle oubliera bien vite son mal de tête si elle a envie d’aller au spectacle. C’est une petite femme qui est toujours prête lorsqu’il s’agit d’aller au théâtre ou