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Page:Brandimbourg - Croquis du vice, 1897.djvu/108

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CROQUIS DU VICE

famille, et, vous le savez, la musique, la danse, c’est d’un assommant !

— Je vous remercie.

— Entre nous, chère Yvonne, pourquoi des compliments ? Vos soirées sont toujours charmantes, mais enfin, ce sont des soirées, ou, si vous aimez mieux, un mélange de sons langoureux, pleurnichards, que gémit un orchestre sans conviction, un essaim de jeunes filles peu décolletées et de femmes maigres dépoitraillées à l’excès ; d’excellents pères de famille marchant posément derrière leur ventre, des groupes de jeunes blancs-becs faisant tapisserie ou discutant sur la valeur de Rhamsès III, qui, paraît-il, a gagné de deux longueurs la pouliche d’Ephrussi…

— Vous êtes méchant.

— Non, je suis malade. Je dis ce que je pense, et c’est une terrible maladie de dire ce que l’on pense… C’est comme votre poète. Vous feignez la surprise ?

— On le serait à moins.

— Je m’en doutais, un poète c’est sacré…