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Page:Brandimbourg - Croquis du vice, 1897.djvu/120

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CROQUIS DU VICE

Au-dessus, bien en vue, l’écriture banale :

CRÉDIT EST MORT
LES MAUVAIS PAYEURS L’ONT TUÉ

Parfois, dans la nuit, une dispute éclate, des bruits de vaisselle et de verres qui se brisent, troublent le silence assoupi dans une odeur de rut, mais les patrons d’hôtel, habitués à ces sortes de scènes, se contentent de penser : « Tiens ! voici le 23 qui s’engueule ! » et laissent faire. Souventes fois un homme monte, frappant de son poing la rampe de l’escalier, butte à chaque marche, entre précipitamment dans une chambre, bouscule le divan, et, s’adressant à une jeune femme étendue sur le lit, d’une voix rauque, gouailleuse :

« Eh ben ! quoi ! c’est comme ça que t’es venue chez Lafritte, à quatre heures ?

Peureuse, n’osant regarder l’homme, elle hésite à répondre, puis :

— Je n’avais pas le sou.

— Quoi ! pas le sou ? Qu’est qu’tas fait hier ?… T’es pas rentrée hier…

— Non.