Aller au contenu

Page:Brandimbourg - Croquis du vice, 1897.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
156
CROQUIS DU VICE

plus les succès que lui valaient son air doucereux et l’insignifiante régularité d’une tête sans caractère ; avec cela élancé, beau parleur, d’une galanterie peut-être recherchée mais point niaise, Gontran sut plaire à la baronne, un soir qu’il dînait chez les Thermopyles.

Le baron des Thermopyles passait la plus grande partie de ses nuits devant le tapis vert, rentrant le matin avec les rayons du soleil qui léchaient le plafond de sa chambre en une longue traînée venant des rideaux mal clos. Souvent, il entrait chez Madame, la regardait dormir perdue dans un écrasement de batiste, poussait un soupir et sortait. Plus jamais elle ne le grondait, le matin, lorsqu’il rentrait avec les premiers bruits de la rue ; elle n’avait plus sa moue triste avec, sur les lèvres, des reproches ; elle était redevenue câline, coquette en sa toilette inviteuse et pimpante. À quoi attribuer ce changement qui ravissait le baron et le navrait de ne pouvoir récompenser tant d’abnégation ?