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Page:Brandimbourg - Croquis du vice, 1897.djvu/220

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CROQUIS DU VICE

ferait bien l’affaire de Saint Pierre. Comme toutes les vieilles femmes, par manie ou par atavisme, par égoïsme plutôt, elle adorait les enfants des autres, n’ayant jamais voulu en faire sans l’opération du Saint-Esprit ou celle de son saint frère, lesquels ne condescendirent jamais à descendre sur sa couche.

Elle affectionnait particulièrement la famille de son cousin, composée de M. Mouillasson, Mme Mouillasson et d’un tas de petits Mouillasson, invités toutes les semaines à venir manger le rôti et la salade.

Dimanche dernier, des volailles énormes, grasses et rondes comme bosses, attendaient les Mouillasson : deux poulets couchés sur une prairie de cresson étaient déjà servis ; dans la cuisine, la bonne surveillait un canard en broche cependant que Mme Poteau, le dos tourné vers la cheminée, se chauffait le phénomène qu’elle réservait à saint Pierre. C’était son unique