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Page:Brandimbourg - Croquis du vice, 1897.djvu/254

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CROQUIS DU VICE

Puisque les étoiles sont les yeux des maîtresses mortes, j’aurai les étoiles.

J’ai vu des fleurs belles et roses comme les joues de ma maîtresse, j’ai vu des fleurs blanches et moirées comme ses seins.

Puisque les fleurs se parent des couleurs de nos maîtresses mortes, j’aurai les fleurs.

Dans la brise, j’ai ouï le dernier mot d’amour qu’elle chuchota, les lèvres mi-fermées.

Puisque la brise est faite avec le dernier souffle des amantes défuntes, j’aurai la brise.

Dans les nuits d’hiver, j’ai tremblé et je me suis courbé pour laisser passer l’ouragan.

Je sais que voyagent ainsi les âmes de nos maîtresses, j’aurai l’ouragan.

Non, je n’aurai rien. La route est trop longue, trop longue… elle se déroule à l’infini, laissant fuir les horizons… toujours.