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les mémoires d’un soldat inconnu

Je n’ai plus de béquilles.

Et, pour la première fois, je me promène sous les arbres du parc de l’hôpital. Le bleu du firmament filtre à travers le feuillage du haut faîte des arbres, et, mêlé de lumière et d’ombre, met des coulées laiteuses le long des troncs et sur l’herbe des pelouses. Des oiseaux sautillent dans les branches et béquettent le sol, où des fleurs largement épanouies se balancent au soleil. L’horizon se perd dans une buée opaline. Et dans ce cadre fait de toutes les beautés de l’été, l’hôpital dresse ses murs de pierres patinées par le temps. C’est un ancien château de style charmant. Le toit élevé est coupé de lucarnes nombreuses, pointues, ouvragées en dentelle, et des balcons ajourés courent sur la façade. Quatre tourelles, aux fenêtres étroites, se reflètent dans l’eau calme d’un étang. Construction gracieuse, caprice de quelque marquise frivole mais aux goûts sûrement raffinés. Château qui a connu les élé-