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adolphe brassard

il en a d’invisibles non moins répugnantes. C’est la honte qui se cache sous ce qui déjà rampait. Et dans ce voisinage, le corps le plus sain se contamine. Mais que vaut la perte de la virilité ? Il y a de l’argent à organiser et à faire durer la guerre !

Dans mon pays, où se pratique la pudeur, on se boucherait les oreilles à mes propos, et toujours on aurait raison. Je vais à une école où tous les blasphèmes, toutes les expressions ordurières sont traduits en toutes les langues et rendus plus explicites par des gestes suggestifs qui se passent d’interprètes. La langue destinée au verbe souple et rehaussé se dégrade ; et les paroles déformées par l’impureté sortent de la bouche, salissent les lèvres, pénètrent l’ouïe, entrent au cerveau, s’y installent, et lui donnent une nourriture qu’il finit par rechercher et ne plus pouvoir s’en passer. Mais qu’importe la déchéance intellectuelle et mo-