ches remplacent les régiments anéantis…
Et elle dure, la guerre. L’hiver qui gèle le sang aux blessures et les doigts aux fusils ; l’hiver qui durcit la terre et meurtrit les pieds mal chaussés ; l’hiver avec sa froidure qui fige les membres et les emprisonne dans la boue croûtée de givre ; l’hiver et ses glaçons qui sont des glaives, et ses vents qui gercent, et ses bourrasques qui affolent ; l’hiver et ses neiges qui font des linceuls frangés d’écarlate ; l’hiver qui déprime ; l’hiver qui fait mal est passé, et la guerre dure encore. Le printemps et ses fleurs, et ses chansons, et son soleil ; le printemps et ses nids, et ses bourgeons prometteurs, et ses soirs troublants ; le printemps et ses rondes, et ses effluves embaumés, ses espoirs et ses promesses ; le printemps est passé offrant en vain ses trésors à des millions d’êtres humains, incapables d’en jouir parce que la guerre dure toujours.